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Dans le dernier numéro de la Revue W+B, éditée par Wallonie-Bruxelles International, découvrez l'exposition qui marque la réouverture du Musée des Beaux-Arts de Mons, ainsi que le nouveau pôle muséal de la ville.

C’est l’événement du printemps à Mons : le musée des Beaux-Arts reprend du service ! Et pour marquer le coup, dès le premier jour, une grande exposition consacrée au sculpteur français Auguste Rodin est lancée.

Si la patience est une vertu, alors la récompense est belle pour le public. Après plus d’un an de rénovation, c’est un tout nouveau complexe muséal qui s’ouvre dans le centre-ville de Mons. En effet, le musée des Beaux-Arts n’est pas seul à avoir subi des travaux d’envergure sur le site.
 
Il y a aussi, face à lui, le jardin du « Poirier beurré » et la Maison dédiée à l’histoire montoise, autrement dit l’ancien musée Jean Lescarts. Trois espaces entièrement repensés et revalorisés sous le nom de CAP, acronyme pour Culture, Art et Patrimoine. Des valeurs fortes pour un projet qui l’est tout autant puisque tout a été fait pour permettre le dialogue entre chaque entité.
 
Focus ici sur le musée des Beaux-Arts qui s’apprête à briller à nouveau avec une exposition d’envergure sur Rodin. Une spécialité quand on voit les grands noms qui ont déjà été mis à l’honneur : Vincent Van Gogh (2015), Niki de Saint Phalle (2018), Roy Lichtenstein (2020) ou encore Miro (2022). Un succès énorme juste avant la fermeture : près de 90.000 visiteurs en trois mois pour le peintre espagnol. De quoi augurer le meilleur avec le sculpteur français. Et l’enthousiasme est légitime. Il a fallu trois ans pour monter cette exposition internationale. A la manœuvre, deux femmes : Antoinette Le Normand-Romain (directrice honoraire de l’Institut National d’Histoire de l’Art et spécialiste de Rodin) et Christina Buley-Uribe (historienne de l’art). Une expertise bien nécessaire vu l’œuvre impressionnante de l’artiste.
 
Mais pourquoi présenter Rodin dans cette ville du Hainaut ? Pourquoi lui ? Au-delà de l’évidence de son talent (il est tout de même considéré comme le père de la sculpture moderne), il y a son parcours. Durant sept ans, l’artiste va vivre en Belgique. Et de son aveu dans ses mémoires, c’est la plus belle période de sa vie. Il faut dire que le royaume offre dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle de belles opportunités pour les artistes en devenir. Le jeune pays veut peaufiner sa mythologie nationale avec des statues glorifiant ses héros mais aussi avec d’importants édifices. Un contexte idéal pour Auguste qui débarque à Bruxelles en 1870. Il a alors trente ans et il participe aux travaux de décoration de la Bourse. Débuts marquants : il réalise une frise décorative sur les thèmes de l’industrie, l’agriculture, les arts et les sciences. Le soir, il dort dans une chambre de bonne, loin de sa famille restée en France. Un an plus tard, il installe son atelier à Ixelles dans une rue qui va porter son nom. Le succès est timide mais suffisant pour lui permettre d’envoyer de l’argent à sa femme qui le rejoint avec leur fils de cinq ans.
 
Déménagement ensuite à Etterbeek avant de louer une maison près de la forêt de Soignes. Rodin devient une figure importante de la scène artistique belge. Il réalise le buste de Beethoven sur la façade du conservatoire de musique ou encore un original du Penseur sur la tombe de Joseph Dillen à Laeken. Mais il n’est pas encore célèbre. Pour ça, il doit terminer un nu grandeur nature qui l’occupe jusqu’en 1877. Son nom : L’Age d’airain. C’est sa première œuvre en bronze et elle est créée en Belgique avant de partir à Paris. De quoi rendre sa présence à l’exposition montoise encore plus symbolique.
 
Car le musée des Beaux-Arts va présenter près de deux cents œuvres de collections publiques et privées, parmi lesquelles des plâtres, des aquarelles, des gravures ou encore des marbres dont certains n’ont jamais été vus. Et pour cause : le musée montois a le privilège de voir les plus grands musées européens lui faire des prêts exceptionnels. Il y a les musées royaux de Bruxelles, les musées d’Orsay, du Louvre, des Arts Décoratifs, le Petit Palais et le musée Rodin à Paris ainsi que le Victoria and Albert Museum à Londres. Evénement en vue pour la réouverture. L’exposition, qui bénéficie du soutien financier du Fonds européen de développement régional (FEDER) et de la Wallonie, s’intéressera au style et au traitement du corps par Rodin. Autre point utile à savoir : ses œuvres seront mises en résonnance avec les sculptures de Jacques Du Broeucq (artiste iconique du seizième siècle) qui sont conservées à la collégiale Sainte-Waudru de Mons (qui accueillera d’ailleurs aussi quelques œuvres de Rodin). Il y aura également du contemporain avec les sculptures de la belge Berlinde de Bruyckere. L’occasion de découvrir son regard affuté sur le maître. Et puis, pour finir avec cette approche muséale nouvelle, le monument Les Bourgeois de Calais sera présenté dans le Jardin du Mayeur de l’Hôtel de Ville de Mons.

Culture, art et patrimoine

Quid du CAP alors ? Pour les visiteurs qui ont envie de prolonger le plaisir, un détour par le jardin de six cents mètres carrés et la maison des Collections s’impose. Cette dernière se trouve dans l’ancien musée Jean Lescarts, resté fermé durant de très longues années. C’est dire s’il faut pousser la porte… Là, l’histoire de Mons se dévoile au travers des collections communales. Une belle plongée dans le passé et l’avenir de la ville car c’est bien là l’objectif de ce parcours permanent : valoriser le patrimoine et pousser à la réflexion. Pour respirer et s’inspirer, il y a enfin le jardin du « Poirier beurré » qui est une bonne idée puisqu’il s’impose comme le trait d’union entre le musée des Beaux-Arts et la maison des Collections. A noter, le jardin est en accès libre depuis la rue et s’articule en trois parties : le botanico-historique, le permacole et la guinguette, idéale pour un petit café.
 
Mais en quoi ce projet muséal est-il prometteur ? Avec le CAP, la Ville de Mons souhaitait offrir au public une expérience citoyenne et participative. Ici, le talent de trois artistes est mis à profit. Le collectif de plasticiens VOID a développé le dispositif sonore du tunnel reliant le musée des Beaux-Arts à la maison des Collections. La designer Lucile Soufflet a fabriqué le mobilier extérieur. Et l’artiste plasticien Raphaël Decoster a réalisé une fresque monumentale depuis la rue Neuve jusqu’au jardin. L’idée globale est d’encourager le citoyen dans sa démarche de curiosité, lui permettre également une meilleure connaissance de l’histoire et une prise de conscience sur l’importance de la culture.

Les infos à retenir

  • Le site compte 5.000 m² de superficie
  • L’exposition « Rodin, une renaissance moderne » a lieu du 13 avril au 18 août 2024
  • Les informations pratiques se trouvent sur www.cap.mons.be

Par Nadia Salmi
 
Cet article est issu de la Revue W+B n°163.

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