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Gamescom 2022 : la Wallonie booste sa filière en soutenant les créateurs et entrepreneurs

Si l’industrie du gaming est devenue l’industrie culturelle la plus importante en terme de chiffres d’affaires, l’accès aux financements étrangers demeure un challenge pour de nombreux studios. Comment s’agrandir et proposer des œuvres au grand public quand on est limité en terme de fonds ? La Wallonie s'attaque depuis plusieurs années à booster sa filière en diversifiant les sources d'aides. Comment ? Wallimage, présent à la Gamescom, est revenu pour nous sur les possibilités de soutiens en Wallonie à destination des entreprises. Explications.

Bienvenue à la Gamescom, grand-messe européenne du jeux vidéo. Le gaming aujourd’hui, c’est simple, c’est le premier bien culturel en termes de chiffre d’affaires, loin devant les autres secteurs que sont le cinéma et la musique. Le chiffre d'affaires mondial de l’industrie du jeu vidéo est passé de 152,1 milliards de dollars en 2019 à 180,3 milliards en 2021, soit une progression annuelle de près de 20 %, affichant une résilience importante face à la crise liée au Covid-19 (consommation importante pendant les confinements).

En Belgique, le développement industriel du gaming est aussi en croissance. En 2020, cette activité a généré un revenu annuel de 270 millions EUR et le nombre de studios de développement de jeux est passé de 65 en 2014 à 114 en 2020.

La taille modeste du gaming belge s'explique en partie par une structuration du secteur plus récente. Pourtant, le potentiel économique du jeu vidéo dans le pays, et en Wallonie est considérable car la région dispose d'un écosystème de studios de développement de jeux dynamiques, avec plusieurs poids lourds (Fishing Cactus, Appeal, Wild Bishop, Abrakam…) qui tirent le secteur vers le haut et un réservoir important de créatifs dont la qualité est reconnue internationalement.

Quels sont les possibilités de soutiens pour les porteurs belges ou internationaux de projets actuels ? Comment les entrepreneurs peuvent-ils bénéficier d’aides pour développer et commercialiser leurs produits ? Nous en avons parlé sur le Belgian Pavillon de la Gamescom avec Sophie Augurelle et Vincent Wattiez chargés de projets chez Wallimage . Etat des lieux et des pistes d’actions.

 

Wallonia Export : Bonjour Sophie, bonjour Vincent, pourriez-vous d’abord nous rappeler qui est Wallimage ?

Sophie & Vincent : Nous sommes un fonds d’investissement public destiné à booster l’économie wallonne autour des métiers et de l’industrie du cinéma et du gaming. A travers le soutien d’un projet cinématographique ou vidéoludique, nous cherchons à créer de l’emploi, des entreprises, bref renforcer une économie autour d’un secteur. Ceci dit, nous ne nous limitons pas seulement au soutien de projets, nous intervenons aussi directement en prêt ou dans le capital des entreprises, dont celles créées par des partenaires étrangers. Aujourd’hui nous soutenons actuellement une dizaine de sociétés du jeux vidéo.

Wallonia Export : Et comment soutenez-vous l’industrie du gaming ?

Sophie & Vincent : Notre département « Entreprises » soutient les entreprises avec des prêts ou des prises de participation (ex : Fishing Cactus…) . Notre département Gaming finance des projets de jeux vidéo. Nous pouvons intervenir à plusieurs étapes dans du développement d’un jeu. D’abord lors de la phase « pré-production » (max 30 000 € ou 100.000 EUR si création d’un prototype jouable). Une fois cette étape validée, nous intervenons dans la phase de commercialisation, jusqu’à 500 000 EUR. Si le jeu arrive en phase de commercialisation, nous avons accès aux recettes ou du moins au remboursement du prêt. Si le projet capote, le soumissionnaire ne doit pas rembourser (sous certaines conditions définies, NDLR).

Wallonia Export : Et comment, concrètement, une personne ou une entreprise peut-elle obtenir le soutien de Wallimage ?

Sophie & Vincent : La première chose à faire est de d’abord prendre contact avec nous. Ensuite nous organisons une rencontre durant laquelle le projet nous est présenté, son concept, son fonctionnement, la structure de l’équipe, les projets en cours ou déjà réalisés, les besoins financiers…

Nous évaluons la maturité du projet pour savoir si ce dernier est éligible à nos appels à projets ou à un éventuel soutien direct à l’entreprise. Si c’est ok, alors le projet passera devant un jury lors des appels à projet pour décision finale.

Wallonia Export :  Quelles sont les attentes de la Wallonie pour soutenir un projet de gaming ?

Sophie & Vincent : Il faut qu’il y ait des dépenses locales et cet effet structurant niveau gaming pour la Région wallonne, c’est-à-dire que, en fonction du projet, qu’un studio se crée en Wallonie, ou que des jeunes talents soient engagés, qu’ils s’installent et fassent croître cette industrie.

Wallonia Export : Existe-t-il d’autres structures d’aides ?

Sophie & Vincent : Il existe en Belgique et en Wallonie d’autres aides plus générales dédiées aux startups, des soutiens au lancement, des accompagnements… Nous engageons les porteurs de projets à rejoindre les réseaux professionnels comme Walga, ou la Belgian Games Association pour davantage entrer dans le ‘game’ ‘made in Belgium’. Ils peuvent aussi solliciter, si le projet est assez mature, les aides de Wallonia Export à l’internationalisation, comme la participation à des foires ou salons comme la Gamescom où nous nous trouvons ici. Nous attendons aussi le ‘tax shelter’ (v. ci-dessous) pour le gaming en 2023, qui devrait aussi soutenir le secteur dans sa croissance et sa dynamique belge et internationale.

Wallonia Export : Quels conseils donneriez-vous à ceux qui recherchent des financements belges ou wallons pour leurs projets ?

Sophie & Vincent : Préparez bien vos sessions de pitchs, éventuellement faites-vous accompagner par une personne qui connait bien le projet dans sa globalité. Présenter un projet en 3 minutes, ce n’est pas si facile que cela. N’oubliez pas de vous concentrer sur votre modèle économique, la budgétisation, la commercialisation… tout ce qui contribuera à la réussite de votre projet de gaming, pas seulement sur le plan artistique, mais également commercial. Pour se développer dans le gaming, il faut avant tout penser business, pas seulement l’artistique ou le créatif.

N’hésitez pas à venir nous voir pour présenter vos idées avant de soumissionner à un appel. Nous sommes là pour conseiller les porteurs de projets, les aider à se poser les bonnes questions le plus tôt possible.

 

 

Le Tax Shelter belge pour le gaming en 2 mots

Le tax shelter, c’est un système d’exonération fiscale pour les sociétés belges (ou investisseurs étrangers disposant d’un ancrage fiscal en Belgique) qui investissent une partie de leurs bénéfices imposables dans l’audiovisuel et/ou les arts de la scène. Ce système d’exonération fiscale doit s’ouvrir prochainement à l’industrie du gaming.

Pour bénéficier du tax shelter, chaque projet de jeu doit prouver qu’il a une dimension culturelle, que ce soit par son caractère éducatif, en mettant en valeur, par exemple, le savoir-faire ou le patrimoine local. Le Centre du cinéma et de l’audiovisuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles qui agrée déjà les œuvres audiovisuelles et scéniques pouvant bénéficier du tax shelter, réalise un test culturel imposant, par exemple, que 50 % des salaires ou une part importante de la production doive être versés ou réalisée en Belgique. En clair, la production de jeux doit être l’activité principale de l’entreprise et représenter au moins 50% de ses revenus.

La mise en œuvre du tax shelter pour le gaming est prévue pour 2023.

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