Cosmétiques, emballages ou textile, l’apport des nanosciences dans les objets de notre quotidien n’est plus à démontrer. Des équipes de chimistes belges et marocains travaillent depuis près de 5 ans à améliorer durablement notre environnement.
Côté marocain, l’équipe de l’Université Mohammed Ier d’Oujda (UMP) (Maroc) est spécialisée en synthèse organique et développement de biomatériaux durables à portée environnementale et thérapeutique. Côté belge, l'équipe de l’Université Catholique Louvain (UCL) est reconnue pour la chimie de coordination, les techniques de cristallisation, de développement de nanomatériaux, et en spectroscopies de pointe (Mössbauer).
Cette dernière est particulièrement connue pour son étude sur les phosphates de fer, matériau très peu étudié et présent en abondance au Maroc. Les raisons ne manquent donc pas pour initier une collaboration win-win entre ces deux laboratoires de pointe.
En 2015, les scientifiques belges et marocains se rencontrent une première fois afin de travailler sur une innovation thérapeutique dans la prévention et le traitement du cancer. En effet, les chercheurs développeront durant 2 ans dans leurs laboratoires universitaires respectifs de nouveaux travaux sur ce qu’on appelle dans le jargon scientifique, les complexes hétérocycliques à base d’acides carboxyliques. Inédits, ils agissent comme des récepteurs de molécules biologiques et présentent des activités anti-cancéreuses. Le développement de pareils dispositifs hybrides et fonctionnels pourrait avoir de formidables retombées dans d'autres secteurs comme les absorbants et les capteurs, spécifiques pour la détection et l’élimination de la matière toxiques des eaux.
De la thérapie à l’environnement
Lors d’une conférence internationale sur l’environnement (ICMES 2016) organisée à Oujda par les équipes des Professeurs Smaail Radi et Belkhir Hammouti, de nouvelles idées de collaboration émergent. Le scientifique belge Yann Garcia et les organisateurs décident après ce rassemblement d’élargir leur champ de recherches. En mai 2017, soit un an plus tard, les Professeurs Mohamed Sajieddine, Smaail Radi et Yann Garcia mettent en place une journée de formation sur la spectrométrie Mössbauer des nanomatériaux.
Une forte demande de formations
Suite à ces deux événements, les équipes belge et marocaine identifient une forte demande de formations scientifiques ciblées sur les spectroscopies de pointe récentes et la nanochimie de haut niveau aussi bien de la part des étudiants et chercheurs marocains que tunisiens et algériens présents à ces rassemblements. Par conséquent, les deux laboratoires réorientent leurs recherches vers l’environnement.
Un projet de formation est alors mis en place et permet l’organisation d’une école de formation en 2019 avec la participation des doctorants de toutes les universités marocaines et de chimistes de premier plan provenant de 20 pays. Les Universités louvaniste et oujdi établissent ensuite des échanges permettant aux étudiants marocains et belges de profiter des travaux respectivement réalisés dans leurs laboratoires. Les Professeurs des deux alma mater accompagnent aujourd’hui une thèse de doctorat soutenue, deux thèses de cotutelle en cours et bien d’autres thèses en cours. Mieux encore, ces recherches ont été présentées à plusieurs conférences de qualité et une quinzaine d’articles ont été publiés dans des journaux scientifiques de haut impact dont quelques-uns ont été sélectionnés pour des cover-pages.
Les équipes belges et marocaines ne s’arrêtent pas en si bon chemin et organisent une série de formations qui prend la forme d’une conférence internationale en décembre 2019 à Oujda intitulée "Recherche et innovation des matériaux, perspectives et nouvelles opportunités". La science des nanomatériaux suscitent un réel engouement. Près de 400 chercheurs sont présents pour assister aux présentations des travaux des directeurs, doctorants et chercheurs associés des deux laboratoires, des intervenants dont la renommée est internationale.
Avancées et échanges de savoirs
Ce rassemblement permet aux chercheurs, doctorants et industriels venus du monde entier d’explorer les avancées récentes en matière de recherche et d’innovation de matériaux fonctionnels dans un large éventail d’applications tels que le stockage de l’énergie, les secteurs médical et pharmaceutique, les cosmétiques, les emballages intelligents, le textile. Par l’étude de l’infiniment petit: des nanomatériaux, des nanocomposites, des matériaux moléculaires et électroniques, des systèmes de croisement spin ou de la coordination des polymères, les chercheurs tentent de trouver quelque chose de grand pour améliorer notre environnement et répondre à des besoins spécifiques en matière de développement durable.
Parallèlement aux présentations et aux discussions, les participants ont également été invités à participer à une formation sur les spectroscopies pour les applications environnementales et la nanochimie, illustrant l'utilisation de techniques sophistiquées, telles que la Spectroscopie Mössbauer.
Le projet "Formation aux spectroscopies de l'environnement et de la nanochimie" de l'Université Mohamed 1ier d’Oujda (UMP) et l'Université catholique de Louvain (UCL) est soutenu par Wallonie-Bruxelles International et le Ministère de l'Enseignement supérieur et la Recherche scientifique du Maroc dans le cadre du programme de travail 2018-2022 de la Commission Mixte Permanente Wallonie-Bruxelles Maroc.