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Vitrine internationale des solutions environnementales pour l'industrie, villes et territoires, le salon Pollutec se tient actuellement à Lyon. Véritable tremplin pour les entreprises qui souhaitent présenter leurs innovations et se renforcer à l'international, l’événement est un rendez-vous habituel des entreprises belges et wallonnes depuis plus de 15 ans. Pour Idrabel, société wallonne spécialisée dans le traitement des eaux, c’est la première participation. Pour quelles attentes et quels objectifs ? Nous en avons discuté avec son CEO, Christian Gennaux. Rencontre.

 

Trente minutes de retard… c’est plus ou moins le temps supplémentaire que nous avons dû attendre pour avoir notre entretien avec l’équipe d’Idrabel. Un oubli ? Du contraire, c’est bien embêté que nous rejoint en vitesse à son stand Christian Gennaux, CEO d’Idrabel. En même temps, ce retard s’explique par un meeting plus long que prévu avec des distributeurs vietnamiens qui permettront à la société de proposer ses solutions dans ce pays d’Asie du Sud en plein boom économique. Des conditions « salon » comme diraient certains. Du coup, c’est à nous d’en savoir plus sur Idrabel et son savoir-faire qui manifestement intéresse partout dans le monde. Rencontre.

 

Christian Gennaux : Voilà, notre meeting avec notre futur distributeur vietnamien (Envi Eco) a pris plus de temps que prévu, mais… je suis à vous (rires).

Walonia Export : Bonjour Christian, merci pour l’invitation sur votre stand. Peut-être pourriez-vous d’abord présenter Idrabel à ceux qui ne vous connaissent pas ?

CG : IDRABEL est une société qui a été fondée en 1996 et qui est active dans les biotechnologies. Nous développons, produisons, commercialisons et implémentons des produits destinés à traiter des pollutions organiques, naturelles, domestiques et industrielles comme, par exemple, les eaux et boues polluées, la présence de graisse dans des canalisations. Nos grands domaines d’applications sont le traitement des égouts et leur assainissement, le traitement des eaux et des vases dans les plans d’eaux (rivières, lacs, lagunes…) et l’augmentation de l’efficacité des stations d’épurations individuelle, domestiques, industrielles…

Et comment fonctionne le principe de vos solutions ?

CG : Nos produits sont élaborés sur base d’un processus exclusif de « biofixation » des micro-organismes sur des supports minéraux naturels. Nos solutions proviennent de supports minéraux poreux naturels (calcaires, schistes, aluminosilicates…) que nous broyons puis nous fixons la partie biologique sur la roche (champignons, bactéries…) ainsi que des oligoéléments qui permettent aux bactéries de se nourrir, se multiplier et déclencher le processus de dégradation. In fine, le produit est disponible en poudre, facile à manipuler, stocker, transporter et surtout à utiliser.

Dans votre domaine, Idrabel est-elle la seule entreprise ou la concurrence est-elle forte ?

CG : Nous sommes quasiment les seuls à travailler au niveau du traitement biologique des égouts. Il n’y a qu’au niveau du traitement des plans d’eaux et des stations industrielles qu’il y a un peu plus de concurrence, mais nous ne faisons jamais exactement la même chose. Paradoxalement, c’est parfois même un souci car nos solutions sont, du coup, moins visibles par rapport à d’autre systèmes et, lors de gros appels d’offres, nous n’avons pas toujours assez de poids pour y répondre seuls.

Quels sont vos prochains projets ?

CG : Notre département R&Dest très actif et nous poursuivons des recherches dans plusieurs domaines : le traitement des pollutions aux hydrocarbures, la lutte contre les cyanobactéries, la capture des métaux lourds, le traitement du Glycol utilisé pour le dégivrage des avions et d’autres sujets que je dois garder secret…(rires).

Mais notre petite structure nous empêche de mener seul toutes ces recherches en même temps, nous sommes donc à la recherche de partenaires privés et publics pour faire aboutir ces beaux projets.

Dans le passé (2010), nous avons mené un projet de recherche avec le prof. Thierry Hance (UCL), nous sommes arrivés à fixer le BTi (Bacillus thuringiensis var. israelensis), efficace pour lutter contre les larves de moustiques. Nous recherches ont même été publiées dans Faunistic Entomology 2011 (2010) 63 (3), 1157-163. Cette avancée devrait permettre à terme de diminuer les larves de moustiques qui se trouvent dans les égoûts et les plans d'eaux contaminés. Nous espérons un jour vendre ce produit.

Quelle est la dimension développement durable de vos solutions ?

CG : Nos produits apportent de réels bénéfices environnementaux et financiers, répondant aux défis actuels et futurs des particuliers, communes, régions, gouvernements et industries diverses. L’histoire récente nous a montré que les solutions chimiques utilisées à grande échelle sont parfois efficaces à très court terme, mais que souvent elles résolvent un problème pour en créer de nouveaux. Ici nous ne travaillons qu’avec la nature.

Vos partenaires sont-ils de plus en plus sensibles à ces enjeux ?

CG : Tout à fait. Il y a pour le moment une vague verte, indéniable. L’eau est enfin considérée comme une ressource précieuse et épuisable. Suite au développement économique rapide de ces dernières décennies, de plus en plus de pays, riches ou plus pauvres, prennent enfin les enjeux liés à l’eau au sérieux et font appel à des solutions durables. Nous en proposons qui permettent, non seulement de diminuer l’empreinte écologique de nos partenaires, mais aussi, pour ceux qui intègrent les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) dans leur stratégie business, d’en atteindre rapidement et facilement (notamment ceux liés à l’eau, à savoir les ODD 6 & 14) .

Sur quels marchés et avec quels clients travaillez-vous actuellement ?

CG : Nous vendons principalement aux collectivités et aux acteurs publics (communes, villes, intercommunales qui ont des problèmes d’odeur, de bouchages, de présence de graisses dans leurs infrastructures). Nous avons aussi des clients privés, actifs dans l’agroalimentaire, le textile, le papier, etc et qui nous demandent de traiter leurs eaux.

A l’étranger, nous avons un distributeur au Pays-Bas qui travaille notamment avec la ville de Rotterdam (les égouts de la ville sont nettoyés par les produits Idrabel, NDLR) et les bases de l’armée néerlandaise. Nous travaillons également en Italie avec Naples, le port de Gênes, Milan, la péninsule Amalfitaine… Nous avons un partenaire en Espagne qui nous distribue à des groupes hôteliers dons les eaux usées sont réutilisées pour irriguer sur leurs parcours de golf. Nous venons de réaliser nos premières ventes au Maroc.  Nous avons aussi un accord avec un site de production Coca Cola à Mayotte…

Nous venons, tout récemment, de gagner un appel d’offre dans le cadre du programme européen LIFE avec un consortium d’autres entreprises. Nous allons traiter les sédiments marins via nos systèmes de bioremédiation couplé à un processus électrocinétique sur un ancien site industriel très polluant de la côte méditerranéenne. Le projet (SEDREMED) va démarrer le mois prochain.

Que représente l’export pour vous ? Avez-vous des projets spécifiques ?

CG : Pour nous c’est indispensable de travailler à l’étranger car les marchés wallons et belges sont trop petits pour nos besoins d’expansion. Notre chiffre d’affaire à l’étranger représente plus de 25% et atteindra bientôt 30 % et plus encore dans le futur. Nous prospectons un peu, mais ce sont nos distributeurs qui sont indispensables. C’est sur eux que nous comptons. Nous avons signé un accord avec des distributeurs au Vietnam, nous avons un projet au sud de Bandung (West Java) en Indonésie et nous devrions bientôt signer un autre projet d’envergure avec le Maroc.

Wallonia Export vous a déjà aidé dans vos projets à l’export ?

CG : Oui tout à fait. Nous sommes ici présents à Pollutec sur l’îlot regroupant les entreprises wallonnes emmenées par Wallonia Export. Mais nous avons déjà fait le salon Ecomondo à Rimini en Italie avec l’AWEX. Sinon, pour notre prospection internationale, les services de Wallonia Export & Investment Agency nous ont déjà bien aidés, aussi bien pour les pays proches comme l’Espagne ou la France, que pour des destinations plus lointaines comme le Vietnam et l’Indonésie. C’est un vrai plus et un confort d’avoir une équipe là-bas qui peut nous conseiller, organiser les rendez-vous avec les acteurs locaux, assurer le follow-up de nos dossiers…

Et quelles sont vos attentes pour cette édition de Pollutec ?

CG : Nous avons principalement deux attentes, à savoir prospecter et apprécier les tendances, les nouvelles technologies, les nouveaux acteurs présents sur nos métiers. Ensuite, rencontrer des prospects potentiels, s’ouvrir à de nouveaux marchés, préparer de futurs consortiums pour répondre à de futurs appels à projets… Il y a beaucoup de choses à faire !

 

Illustrations © Idrabel / Wallonia Export & Investment Agency

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