
En phase clinique, ABSCINT, basée à Liège, est une entreprise spécialisée dans le développement de diagnostics d’imagerie in vivo. Alors que la spin-off de la VUB collabore déjà à l’international, ABSCINT souhaite développer ses collaborations en Amérique du Nord. C’est pour cette raison que l’entreprise a participé à la mission « médecine nucléaire » organisée par l’AWEX. Rencontre avec Karine Clauwaert, CEO d’ABSCINT.
Wallonia.be : Pouvez-vous présenter votre entreprise ABSCINT ?
Karine Clauwaert (KC) : ABSCINT est une entreprise en phase clinique spécialisée dans le développement de diagnostics d'imagerie in vivo, notamment des traceurs pour la tomographie par émission de positons (PET). Fondée en 2020, ABSCINT est une spin-off de la Vrije Universiteit Brussel (VUB).
Wallonia.be : Quel est le but de l’entreprise ABSCINT ?
KC : La mission d'ABSCINT est de révolutionner les soins aux patients atteints de cancer HER2 en développant des diagnostics d'imagerie in vivo de pointe. L'entreprise s'engage à utiliser l'expertise collective de son équipe dynamique et à employer une science innovante pour accélérer le parcours du diagnostic au traitement personnalisé.
Wallonia.be : Quelles sont les solutions développées par Abscint ?
KC : ABSCINT développe des diagnostics d'imagerie in vivo, y compris des traceurs PET radiopharmaceutiques. La technologie de l'entreprise repose sur l'utilisation de sdAbs, qui, une fois marqués avec un radio-isotope à courte demi-vie comme le gallium-68, sont administrés par voie intraveineuse. Ces sdAbs se lient spécifiquement à des protéines cibles sur les cellules anormales, permettant une visualisation précise via des scans PET. Cette approche offre une imagerie corporelle complète en 60 à 90 minutes après l'injection, sans nécessiter d'hospitalisation, grâce à une élimination rapide et une faible dose de radiation.
Wallonia.be : Quels sont les résultats que vous avez déjà pu obtenir ?
KC : ABSCINT a démontré l'efficacité de sa technologie à travers plusieurs études cliniques. Par exemple, dans le cas d'Isabella, une patiente de 67 ans atteinte d'un cancer du sein métastatique initialement diagnostiquée HER2-négatif, l'utilisation du traceur ABSCINT-HER2 PET/CT a permis de détecter des métastases osseuses supplémentaires non identifiées par les méthodes traditionnelles. Cette détection précise a conduit à une reclassification de son statut HER2 et à une adaptation de son plan de traitement. Bien entendu, ce changement de traitement a également été confirmé par d'autres technologies, car le produit d’ABSCINT est encore en développement clinique. Cette approche combinée garantit une prise de décision éclairée et souligne le potentiel de notre technologie pour améliorer la stratification des patients et l'optimisation des traitements ciblés.
Wallonia.be : Qu’est ce qui vous différencie des autres entreprises de votre secteur ?
KC : Ce qui distingue ABSCINT des autres entreprises du secteur est son utilisation innovante des sdAbs pour le développement de traceurs PET. Les sdAbs offrent une spécificité élevée, une clairance rapide et une faible immunogénicité, ce qui les rend idéaux pour l'imagerie in vivo. De plus, la technologie d'ABSCINT permet une imagerie corporelle complète en un temps réduit, améliorant ainsi le confort et la sécurité des patients.
ABSCINT se distingue également par son approche centrée exclusivement sur le diagnostic. La plupart des entreprises de médecine nucléaire développent des paires diagnostic et traitement, tandis qu’ABSCINT opte pour une stratégie purement diagnostique. En effet, le produit diagnostic de référence pour HER2 peut également être utilisé comme companion diagnostic pour les ADCs, anticorps monoclonaux (mAbs) et petites molécules. En ne développant pas de produit thérapeutique propre, ABSCINT garde la possibilité de collaborer avec l’ensemble des développeurs de produits HER2, sans entrer en concurrence directe avec leurs offres thérapeutiques.
Wallonia.be : Quel est le parcours à l’international d’ ABSCINT ?
KC : ABSCINT est une entreprise belge dont le siège social est situé à Liège. Actuellement, son produit est en développement clinique en Belgique, avec des essais en cours dans plusieurs centres spécialisés, notamment l'Institut Jules Bordet (Anderlecht), l'Onze-Lieve-Vrouwziekenhuis (Alost), le Chirec (Bruxelles), l'UZ Brussel (Jette) et les Cliniques Universitaires Saint-Luc (Sint-Lambrechts-Woluwe). Un autre centre, l'UZ Leuven (Louvain), devrait rejoindre les essais prochainement.
Cependant, l’utilisation de notre technologie ne se limite pas à la Belgique. Notre produit est déjà utilisé au niveau international dans le cadre d'Investigator-Initiated Trials (IITs). Nous collaborons avec des centres en Royaume-Uni, Autriche, Australie et France, et nous cherchons activement à étendre ces collaborations. Notre ambition est claire : nous souhaitons établir des partenariats en Amérique du Nord pour poursuivre le développement et l’évaluation de notre solution à l’échelle mondiale.
Wallonia.be : Pourquoi participez-vous à la mission « médecine nucléaire » organisée par l’Agence wallonne à l'Exportations et aux Investissements étrangers aux Etats-Unis et au Canada ?
KC : En participant à cette mission, ABSCINT espère nouer des relations avec des acteurs clés du secteur de la médecine nucléaire aux États-Unis et au Canada, identifier des opportunités de recherche collaborative et évaluer le potentiel de ses solutions sur ces marchés. L'entreprise vise également à comprendre les exigences réglementaires locales pour faciliter une future introduction de ses produits en Amérique du Nord.
Wallonia.be : Quelles sont vos attentes par rapport aux Etats-Unis et au Canada ?
KC : Les États-Unis et le Canada représentent des marchés importants en matière de médecine nucléaire et d'innovation en santé. ABSCINT est particulièrement intéressée par ces pays en raison de leur infrastructure médicale avancée, de leur engagement envers l'adoption de technologies de pointe et des opportunités de collaboration avec des institutions de recherche de renommée mondiale. S'implanter sur ces marchés permettrait à ABSCINT de contribuer à l'amélioration des diagnostics et des traitements pour les patients atteints de cancers HER2 en Amérique du Nord.
Propos recueillis par Isabelle Anneet (AWEX)
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