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Reprocover, l’entreprise qui cartonne dans le recyclage de thermodurcissables

L’entreprise wallonne Reprocover est l’une des seules au monde à recycler des matériaux thermodurcissables pour leur donner une seconde vie. Située à Verviers, l’usine de Reprocover prend en charge l’ensemble du processus, de la collecte des déchets à la création de nouveaux produits, jouant un rôle clé dans l’économie circulaire.

Reprocover est née de la volonté de revaloriser les composites thermodurcissables. « À l’époque, la majorité de ces composites étaient entassés dans des décharges ou reconvertis en énergie », explique Charles Göbbels, CEO de Reprocover. L’entreprise verviétoise souhaite alors aller plus loin en donnant une seconde vie à ces déchets non exploités et en misant sur l’économie circulaire.

Le recyclage fait partie de l’histoire de la famille Göbbels, déjà active sur le marché du recyclage du caoutchouc non vulcanisé. En 2017, elle a racheté Reprocover. Désormais, Charles Göbbels dirige l’entreprise, tandis que son père est à la tête de Simonis, une société sœur située à deux pas de Reprocover. « Il est fréquent que nous collaborions ensemble. »

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Un processus de transformation innovant

Sur le site, des montagnes de déchets issus d’éoliennes ou d’équipements électriques, sont stockés à l’air libre. En effet, les entreprises vendent leurs déchets à Reprocover. Celle-ci est chargée de les collecter et de les granuler afin de pouvoir les réinjecter dans de nouveaux produits ou de retourner la marchandise sous une nouvelle forme. Ensuite, Reprocover caractérise leurs propriétés mécaniques et les transforme en un produit flambant neuf : caniveaux, passages à niveau piétons et routiers, chambres de visite pour l’eau, le gaz et les télécommunications. Et même des produits sur mesure, les possibilités de création sont nombreuses. En seulement dix minutes, un déchet peut ainsi être transformé.

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En 2019, Reprocover lance le projet Pitras avec la Région Wallonne. Il permet d’améliorer la qualité des produits recyclés et d’augmenter la diversité des matières premières utilisées.  En 2021, le projet Ad-corssi subventionné par la Région Wallonne commence pour automatiser la qualité et la durabilité du processus de fabrication et de revalorisation. En 2023, un nouveau projet fédéral voit le jour, visant à préparer les matières recyclées pour d’autres entreprises. « Nous avons beaucoup d’idées de développement, mais les coûts restent élevés. Pour le moment, notre usine couvre un rayon de 600km, mais nous aimerions nous dupliquer pour atteindre 1200km. Nous pensons à ouvrir une deuxième filiale dans le nord de l’Allemagne, la Pologne ou le sud de la France », explique Charles Göbbels. Avant de s’installer à l’étranger, Reprocover doit d’abord créer une demande même si « 95 % de ses produits sont exportés à l’international ». L’entreprise envisage d’ailleurs des collaborations avec la Norvège.

 

Reprocover, la référence en matière de recyclage de thermodurcissables

L’écologie est au cœur de Reprocover. « Pour mesurer notre impact environnemental, nous collaborons avec l’Université de Liège pour réaliser l’analyse du cycle de vie (ACV) de nos matières premières et de nos produits. Cela permet de comparer notre impact carbone et d’optimiser nos procédés pour le réduire au maximum. Nous devons à la fois respecter la demande de nos clients et nous adapter pour équilibrer la balance coûts/écologie », ajoute Charles Göbbels. Afin d’encourager d’autres entreprises à suivre la voie du zéro déchet, Reprocover mène des projets de lobbying. Elle les informe sur les évolutions législatives et les aide à intégrer plus de matières recyclées dans leur production. Elle s’efforce aussi de leur faire intégrer l’ACV dans le cahier des charges.

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À long terme, Reprocover souhaite rester l’entité de référence en matière de recyclage de composites thermodurcissables, mais le parcours est semé d’embûches. La traçabilité des déchets est une obligation et les normes ne cessent d’augmenter. De plus, aujourd’hui, tout le monde essaie de vendre ses produits comme les plus durables. C’est pourquoi, l’Union européenne a mis en place des législations permettant de mesurer l’ACV. D’ici 3 à 5 ans, il sera possible d’observer l’impact réel de Reprocover sur la société. En attendant, certains secteurs, comme celui de l’automobile, bougent déjà. En effet, les voitures doivent contenir 30 % de matières recyclées et les fabricants doivent se tourner vers des entreprises comme Reprocover.

Charles Göbbels, dont l’entreprise a recyclé entre 3 000 et 4 000 tonnes de déchets depuis 2018, conclut avec un conseil : « Ne jamais perdre espoir. Il faut avoir les reins solides pour tenir, et surtout trouver les bonnes personnes pour faire bouger les choses. Le networking est aussi un facteur clé qui permet parfois de trouver des solutions. »

Julie Hanssen (AWEX)

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